La Provence est le deuxième décor et lieu de tournage de films en France, juste après Paris. On compte en moyenne 5 000 jours de tournage par an. Les villes les plus demandées pour des tournages sont, après Paris, et dans l’ordre : Marseille, Nice et Cannes, trois villes provençales…
La Provence, terre de cinéma ? Il existe de nombreuses raisons expliquant ce fait.
La présence des frères Lumière dans leur résidence d’été à La Ciotat, village où a été tourné l’un des premiers films au monde : « l’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ». La projection de ce film au Grand Café à Paris, provoqua des scènes de panique, certaines personnes pensant que le train leur fonçait dessus !
Hollywood refusant à Rex Ingram de diriger la superproduction « Ben Hur » (1920), ce dernier, d’origine irlandaise, quitta Hollywood et s’installa à Nice ou il reprit les Studios de La Victorine alors en difficultés. Sous sa direction, La Victorine devint mondialement connue et la concurrence locale rapidement éliminée. En quelques années, La Victorine prospéra et rayonna dans le monde cinématographique. Pendant la guerre sera tourné l’un des plus grands chefs d’œuvre cinématographique « Les Enfants du Paradis » [1] de Marcel Carné et Jacques Prévert qui engageront clandestinement Alexandre Trauner et Joseph Kosma, deux juifs, pour les décors et la musique…
Marcel Pagnol natif d’Aubagne, s’intéresse très tôt au cinéma après avoir réussi au théâtre, notamment avec la pièce « Marius » (1929). Le cinéma devenu parlant, Marcel Pagnol entame une carrière de réalisateur spécialisé dans les comédies provençales, tourne localement et découvre de nombreux talents (Raimu, Orane Demazis, Maupi, Rellys, Blavette…). En 1934 il fonde son « Hollywood provençal » en rachetant le château de la Treille ou il y tourne désormais ses films, puis le château de la Buzine, le « château de sa mère », mais, la guerre faisant rage il doit vendre ses studios à la Gaumont.
La lumière de Provence, qui a inspiré beaucoup de peintres (Cézanne, Matisse, Renoir, Van Gogh, Picasso, de Staël…), et de nombreux réalisateurs comme René Allio, Paul Carpita, Henri Verneuil, Georges Lautner ou Robert Guédigian. Cette lumière c’est en chiffre 2 500 heures de soleil par an, la région la plus ensoleillée de France, un ciel des plus purs (Saint Michel l’Observatoire…).
Pensé en 1939, par Jean Zay alors ministre de l’Éducation et des Beaux-Arts, le festival international du cinéma devient après la guerre le Festival de Cannes. C’est le plus prestigieux festival de cinéma au monde. Sa première édition se déroule en 1946 du 20 septembre au 5 octobre. En 2022 il fêtera ses 75 ans. Sa sélection officielle compte plus de 80 films. Plus de 1 400 chaines de télévisions en retransmettent l’ambiance couverte par plus de 4 000 journalistes du monde entier…
Le célèbre escalier rouge du festival de Cannes est l’escalier le plus photographié du monde… Pas pour ses marches !
Les moyens techniques… Outre les studios de la Victorine, la Provence a compté de multiples entreprises proposant des services pour la réalisation des films.
1910 à Nice, Pathé, fait édifier un théâtre de pose au 168 de la route de Turin, Villa Tomatis.
La « cage à mouches » est créée en 1913 à Nice par Léon Gaumont pour ses propres productions.
En 1916, est créé Phocéa-Film à Marseille quartier de Croix-Rouge. Ces studios se lancent dans la technologie du relief couleur « Cinéglyphe ».
Entre 1920 et 1944, on tourne dans les studios de Saint Laurent du Var « Le Roman d’un tricheur » de Sacha Guitry (1936) ou « Les Mystères de Paris » de Jacques de Baroncelli (1943).
En 1937 à Carry-le-Rouet, l’architecte-urbaniste Gaston Castel projette de créer une citée industrieuse du cinéma. La guerre enterrera le projet.
En 1952 Paul Ricard inaugure ses studios à Marseille dans le quartier de Sainte Marthe. Y seront tournés entre autres « Honoré de Marseille » de Maurice Régamey (1956) et « Sous Le Ciel De Provence » de Mario Soldati (1957).
En 2004 Marseille inaugure le Pôle Médias Belle de Mai ou est tourné depuis lors le sitcom « Plus belle la vie ».
À l’heure actuelle, et outre la Victorine et la Belle de Mai, deux autres studios fonctionnent pour les tournages provençaux : à Martigues « Provence Studio P » (22 hectares) et le MOCAP à Marseille pour les effets spéciaux, le motion design…
Il était donc temps de rendre hommage au cinéma qui a glorifié la Provence. C’est chose faite avec le Festival du Cinéma de Provence (cinéprovence)…
[1] pour ce film, classé comme le plus beau film du monde, l’Unesco a bâti un abri souterrain pour en conserver une copie en cas de catastrophe nucléaire…