Saint-Tropez Blues

Marcel Moussy – 1961 (tourné en 1959) – 88 mn

La « Dolce Vita » à Saint Tropez, avant que ce village de peintres, rendu mythique par le film « Et Dieu créa la femme » de Roger Vadim, ne devienne célèbre de part le monde.

Si le film de Roger Vadim à vieilli, ce n’est pas du tout le cas de Saint Tropez blues, qui oscille entre reportage et chronique d’un Saint Tropez perdu à jamais aux profits des yachts des oligarques ainsi qu’aux badauds en espérance de devenir milliardaire. Rare film en couleur à une époque en noir et blanc, sortant de la grisaille de la guerre. Presque 10 ans avant mai 68 on pressent, dans ce film, que la jeunesse ne sera plus comme avant ! Un hymne à l’amour, la vie et Saint Tropez. Carpe Diem !

Mon point de vue :

Un chef d’œuvre méconnu, dont les anciens se souviennent ou gardent trace. La beauté d’un Saint Tropez vrai et superbe, et presque le reportage d’un brillant gamin qui ne l’aurait pas fait exprès… Très nouvelle vague sans le dire, avec la couleur en plus. Et quelle couleur ! Le luxe du vrai, du nature et du beau. Un émerveillement !

Sur Marie Laforêt :

Elle éclate dans « Plein Soleil » de René Clément et devient rapidement une actrice à la mode. Réputée pour ses yeux, elle tourne « la fille aux yeux d’or » sous la direction de son mari d’alors Jean-Gabriel Albicocco, avant d’enregistrer avec son ami Jaques Higelin, la bande originale du film « Saint Tropez Blues » et jouer dedans. Elle sera tour à tour chanteuse et actrice, avec de nombreux rôles, comme celui de l’espionne dans « Marie-Chantale contre le docteur Kha » de clause Chabrol… Elle est ici, divine de beauté et d’ingénuité !

Sur Jacques Higelin :

Il entame une carrière d’acteur à vingt ans en 1960, alors qu’il vient d’enregistrer avec Marie Laforêt la chanson de « Saint Tropez blues » et rencontre à cette occasion le guitariste Henri Crolla qui lui fera maîtriser la guitare et devenir chanteur. Repéré par Jacques Canetti, célèbre découvreur de talents dans les années 60, il commencera d’enregistrer des chansons de Boris Vian, seul ou en duo avec Brigitte Fontaine. Sa carrière de chanteur démarre ! Il est dans ce film, un paumé ravi. Ne sachant où aller, comment y aller… mais sachant qu’il faut profiter de la vie !

Sur Marcel Moussy (le réalisateur) :

Il commence comme scénariste et dialoguiste de François Truffaut et Saint Tropez Blue est son premier film. Rare à l’époque, il est en couleur (on n’accorde pas facilement les millions qu’une production couleur coûte à l’époque, surtout pour un premier film !). Malgré ce coup de maître, la suite sera moins brillante. Mention particulière pour la photographie et notamment la scène autour d’un barbecue de nuit au bord de la mer… Prouesse technique d’alors, invisible des spectateurs – c’est là l’archétype du grand art.

Anecdote :

Marcel Moussy filme dans la foule des badauds du quai Jean Jaurès un jeune (?) réalisateur pour l’interviewer sur son prochain film. Il s’agit de Claude Chabrol… Notons la présence de la femme de Chabrol (Stéphane Audran) dans un rôle mineur. Un film de copains ?

La chanson phare du film :

https://www.youtube.com/watch?v=DglR-FmagdM

Critique du film (Le Monde – Publié le 30 juin 1961)

https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/06/30/saint-tropez-blues_2281096_1819218.html

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